Dispersion Anormale et Absorption dans un Milieu

Optique : Dispersion Anormale et Absorption dans un Milieu

Dispersion Anormale et Absorption dans un Milieu

Contexte : La Réponse de la Matière à la Lumière

Lorsqu'une onde lumineuse traverse un milieu matériel, elle interagit avec les atomes et les molécules qui le composent. Cette interaction modifie la vitesse de propagation de la lumière, un phénomène décrit par l'indice de réfraction \(n\). La manière dont cet indice varie avec la fréquence (ou la longueur d'onde) de la lumière est appelée dispersionPhénomène par lequel la vitesse de phase d'une onde dépend de sa fréquence. C'est ce qui permet à un prisme de décomposer la lumière blanche.. Généralement, pour les matériaux transparents, l'indice augmente avec la fréquence (dispersion normale). Cependant, près d'une fréquence de résonance atomique, où le matériau absorbe fortement la lumière, le comportement s'inverse : l'indice de réfraction diminue avec la fréquence. C'est la dispersion anormaleRégion spectrale près d'une résonance d'absorption où l'indice de réfraction du milieu diminue avec l'augmentation de la fréquence de la lumière., un phénomène intimement lié à l'absorption.

Remarque Pédagogique : L'étude de la dispersion est fondamentale car elle explique pourquoi un prisme sépare les couleurs, pourquoi les impulsions laser s'élargissent dans les fibres optiques, et comment la matière absorbe la lumière. Le modèle de l'oscillateur de Lorentz, qui modélise un atome comme un oscillateur harmonique amorti, permet de décrire mathématiquement et de lier ces deux phénomènes (dispersion et absorption) via un indice de réfraction complexe.


Objectifs Pédagogiques

  • Comprendre le concept d'indice de réfraction complexe \(\tilde{n} = n + i\kappa\).
  • Relier la partie réelle \(n\) à la vitesse de phase et la partie imaginaire \(\kappa\) à l'absorption.
  • Calculer les parties réelle et imaginaire de la susceptibilité électrique d'un milieu.
  • Analyser le comportement de \(n\) et \(\kappa\) autour d'une fréquence de résonance.
  • Calculer le coefficient d'absorption et la profondeur de pénétration de la lumière dans le milieu.

Données de l'étude

On modélise un gaz atomique dilué à l'aide du modèle de l'oscillateur de Lorentz. La susceptibilité électrique complexe \(\chi(\omega)\) du milieu est donnée par : \[ \chi(\omega) = \frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{1}{\omega_0^2 - \omega^2 - i\gamma\omega} \] où \(\omega\) est la pulsation de la lumière incidente.

Interaction Lumière-Matière
Onde incidente E(ω) Milieu (n, κ) Atome Onde absorbée

Données :

  • Fréquence de résonance : \(\omega_0 = 3.0 \times 10^{15} \, \text{rad/s}\).
  • Facteur d'amortissement : \(\gamma = 1.0 \times 10^{11} \, \text{s}^{-1}\).
  • Constante de proportionnalité : \(\frac{N e^2}{m \epsilon_0} = 2.0 \times 10^{32} \, \text{s}^{-2}\).
  • L'indice de réfraction complexe est lié à la susceptibilité par \(\tilde{n}^2 = 1 + \chi\). Pour un gaz dilué, on peut utiliser l'approximation \(\tilde{n} \approx 1 + \chi/2\).

Questions à traiter

  1. Séparer la susceptibilité \(\chi(\omega)\) en ses parties réelle \(\chi'(\omega)\) et imaginaire \(\chi''(\omega)\).
  2. En utilisant l'approximation pour un gaz dilué, donner les expressions de la partie réelle \(n(\omega)\) et de la partie imaginaire \(\kappa(\omega)\) de l'indice de réfraction.
  3. Calculer les valeurs de \(n\) et \(\kappa\) à la résonance (\(\omega = \omega_0\)).
  4. Le coefficient d'absorption \(\alpha\) est donné par \(\alpha = 2\kappa \frac{\omega}{c}\). Calculer \(\alpha\) à la résonance et en déduire la profondeur de pénétration de la lumière dans le milieu.

Correction : Dispersion Anormale et Absorption dans un Milieu

Question 1 : Parties Réelle et Imaginaire de la Susceptibilité

Principe
Re(χ) Im(χ) χ

Pour séparer un nombre complexe de la forme \(1/(A - iB)\) en ses parties réelle et imaginaire, on multiplie le numérateur et le dénominateur par le conjugué complexe du dénominateur, soit \(A + iB\). On obtient alors \((A+iB)/(A^2+B^2)\), ce qui permet d'identifier facilement la partie réelle \(A/(A^2+B^2)\) et la partie imaginaire \(B/(A^2+B^2)\).

Mini-Cours

En physique, la susceptibilité électrique \(\chi\) quantifie la réponse d'un matériau à un champ électrique. Pour une onde oscillante, la réponse du matériau (le mouvement des électrons) peut être en phase ou déphasée par rapport au champ excitateur. L'utilisation d'une susceptibilité complexe \(\chi = \chi' + i\chi''\) permet d'encoder ces deux aspects. La partie réelle \(\chi'\) décrit la réponse en phase, qui modifie la vitesse de l'onde (dispersion). La partie imaginaire \(\chi''\) décrit la réponse en quadrature (déphasée de 90°), qui correspond à un transfert d'énergie du champ vers le matériau (absorption).

Remarque Pédagogique

Point Clé : La magie de l'holographie est là : l'interférence convertit l'information de phase de l'onde objet, qui n'est pas directement enregistrable, en une variation d'intensité (les franges d'interférence), qui, elle, est enregistrable. C'est le terme croisé \(A_R^* A_O\) qui contient cette précieuse information de phase.

Normes

Le modèle de l'oscillateur de Lorentz est le modèle semi-classique standard pour décrire l'interaction lumière-matière dans les diélectriques. Il est à la base de la plupart des lois de dispersion (Sellmeier, Cauchy) utilisées en optique. La convention de signe pour la dépendance temporelle de l'onde (\(e^{-i\omega t}\)) impose le signe de la partie imaginaire dans la formule de \(\chi\).

Hypothèses

On suppose que le milieu est linéaire (la réponse est proportionnelle au champ), isotrope (les propriétés sont les mêmes dans toutes les directions) et homogène. Le modèle de Lorentz suppose que les électrons sont liés aux atomes par une force de rappel élastique et subissent une force de frottement visqueux.

Formule(s)
\[ \chi(\omega) = \chi'(\omega) + i\chi''(\omega) \]
Donnée(s)
  • \(\chi(\omega) = \frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{1}{\omega_0^2 - \omega^2 - i\gamma\omega}\)
Calcul(s)
\[ \begin{aligned} \chi(\omega) &= \frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{1}{(\omega_0^2 - \omega^2) - i(\gamma\omega)} \times \frac{(\omega_0^2 - \omega^2) + i(\gamma\omega)}{(\omega_0^2 - \omega^2) + i(\gamma\omega)} \\ &= \frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{(\omega_0^2 - \omega^2) + i(\gamma\omega)}{(\omega_0^2 - \omega^2)^2 + (\gamma\omega)^2} \end{aligned} \]

En identifiant les parties réelle et imaginaire :

\[ \chi'(\omega) = \frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{\omega_0^2 - \omega^2}{(\omega_0^2 - \omega^2)^2 + (\gamma\omega)^2} \]
\[ \chi''(\omega) = \frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{\gamma\omega}{(\omega_0^2 - \omega^2)^2 + (\gamma\omega)^2} \]
Réflexions

Le résultat montre que \(\chi'\) change de signe autour de la résonance \(\omega_0\), passant de positive (pour \(\omega < \omega_0\)) à négative (pour \(\omega > \omega_0\)). C'est ce changement de signe qui est à l'origine de la dispersion "anormale". En revanche, \(\chi''\) est toujours positive et présente un pic (une forme Lorentzienne) centré sur \(\omega_0\), ce qui correspond bien à un phénomène d'absorption résonnante.

Justifications

Cette première étape est indispensable car les effets physiques de dispersion et d'absorption sont portés par des parties distinctes (réelle et imaginaire) de la susceptibilité. Il est nécessaire de les isoler pour pouvoir ensuite les relier aux parties correspondantes de l'indice de réfraction complexe.

Points de vigilance

Le signe de la partie imaginaire : Le signe "moins" dans le dénominateur initial (\(-i\gamma\omega\)) est une convention physique. Il est crucial de le conserver pour obtenir une partie imaginaire \(\chi''\) positive, ce qui correspond bien à une absorption d'énergie par le milieu.

Le saviez-vous ?
Visualisation du Résultat
ω₀ χ'' (Absorption) χ' (Dispersion)
Résultat : \(\chi'(\omega) = \frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{\omega_0^2 - \omega^2}{(\omega_0^2 - \omega^2)^2 + (\gamma\omega)^2}\) et \(\chi''(\omega) = \frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{\gamma\omega}{(\omega_0^2 - \omega^2)^2 + (\gamma\omega)^2}\).
A vous de jouer

Loin de la résonance, pour \(\omega \ll \omega_0\), la partie imaginaire \(\chi''\) tend vers :

Question 2 : Expression de l'Indice de Réfraction Complexe

Principe
ReIm κ n-1 ñ ≈ 1 + χ/2

L'indice de réfraction complexe \(\tilde{n} = n + i\kappa\) est directement lié à la susceptibilité électrique. L'approximation \(\tilde{n} \approx 1 + \chi/2\) est très bonne pour les gaz, où la susceptibilité est très faible devant 1. Il suffit alors de diviser par deux les expressions de \(\chi'\) et \(\chi''\) pour trouver les expressions de la partie réelle \(n-1\) et de la partie imaginaire \(\kappa\).

Mini-Cours

La relation exacte entre la permittivité relative \(\epsilon_r\) et la susceptibilité est \(\epsilon_r = 1 + \chi\). Comme l'indice de réfraction est \(n = \sqrt{\epsilon_r}\), on a \(\tilde{n} = \sqrt{1+\chi}\). Pour les gaz, \(\chi\) est très petit (typiquement \(10^{-4}\) ou moins). On peut donc utiliser le développement limité \(\sqrt{1+x} \approx 1 + x/2\), ce qui donne l'approximation très pratique \(\tilde{n} \approx 1 + \chi/2\). Cela simplifie énormément les calculs tout en restant très précis pour les milieux dilués.

Remarque Pédagogique

Point Clé : Cette étape montre comment les propriétés macroscopiques du milieu (\(n\) et \(\kappa\)) découlent directement des propriétés microscopiques des atomes qui le composent (leur fréquence de résonance \(\omega_0\) et leur amortissement \(\gamma\)). C'est un lien puissant entre l'électromagnétisme et la physique atomique.

Normes

L'utilisation d'un indice de réfraction complexe est une convention standard en électromagnétisme pour décrire la propagation des ondes dans des milieux avec pertes. Les relations liant \(\tilde{n}\) et \(\chi\) découlent directement des équations de Maxwell.

Hypothèses

L'hypothèse principale ici est que le milieu est "dilué", c'est-à-dire que \(|\chi| \ll 1\). Cette hypothèse justifie l'utilisation du développement limité et de l'approximation \(\tilde{n} \approx 1 + \chi/2\).

Formule(s)
\[ n(\omega) \approx 1 + \frac{\chi'(\omega)}{2} \]
\[ \kappa(\omega) \approx \frac{\chi''(\omega)}{2} \]
Donnée(s)

On utilise les expressions de \(\chi'\) et \(\chi''\) trouvées à la question 1.

Calcul(s)
\[ n(\omega) \approx 1 + \frac{1}{2}\frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{\omega_0^2 - \omega^2}{(\omega_0^2 - \omega^2)^2 + (\gamma\omega)^2} \]
\[ \kappa(\omega) \approx \frac{1}{2}\frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{\gamma\omega}{(\omega_0^2 - \omega^2)^2 + (\gamma\omega)^2} \]
Réflexions

Les formules obtenues sont les célèbres courbes de dispersion et d'absorption de Lorentz. Elles montrent que la partie réelle de l'indice (\(n\)) présente un comportement dispersif autour de la résonance, tandis que la partie imaginaire (\(\kappa\)) présente un pic d'absorption Lorentzien. Ces deux comportements sont les deux facettes de la même interaction fondamentale.

Justifications

Il est nécessaire d'obtenir des expressions explicites pour \(n(\omega)\) et \(\kappa(\omega)\) afin de pouvoir les calculer numériquement et de les relier à des grandeurs mesurables comme le coefficient d'absorption.

Points de vigilance

Validité de l'approximation : L'approximation \(\tilde{n} \approx 1 + \chi/2\) n'est valable que pour les gaz et autres milieux très peu denses. Pour les solides ou les liquides, où \(\chi\) peut être de l'ordre de l'unité, il faut utiliser la relation complète \(\tilde{n} = \sqrt{1+\chi}\), ce qui complique les calculs.

Le saviez-vous ?
Visualisation du Résultat
ω₀ κ(ω) n(ω)-1
Résultat : Les expressions de \(n(\omega)\) et \(\kappa(\omega)\) sont données ci-dessus.
A vous de jouer

Si \(\omega \gg \omega_0\), vers quelle valeur tend \(n(\omega)\) ?

Question 3 : Indice de Réfraction à la Résonance

Principe
ω₀ κ (Absorption) n-1 (Dispersion)

À la résonance, la fréquence de la lumière \(\omega\) est exactement égale à la fréquence propre de l'oscillateur atomique \(\omega_0\). Dans cette condition particulière, le terme \(\omega_0^2 - \omega^2\) s'annule, ce qui simplifie grandement les expressions de \(n\) et \(\kappa\) et met en évidence le comportement extrême du milieu : dispersion nulle et absorption maximale.

Mini-Cours

Le phénomène de résonance est universel en physique. Il se produit lorsqu'un système oscillant est excité par une force extérieure dont la fréquence est égale ou très proche de sa propre fréquence naturelle d'oscillation. L'amplitude de l'oscillation devient alors maximale, tout comme le transfert d'énergie de la force excitatrice vers le système. Dans notre cas, la lumière est la force excitatrice et l'atome est le système oscillant. À la résonance, le transfert d'énergie (l'absorption) est maximal.

Remarque Pédagogique

Point Clé : À la résonance, \(n \approx 1\), ce qui signifie que la vitesse de phase de la lumière dans le gaz est quasiment celle du vide. Cependant, l'absorption \(\kappa\) est à son maximum. Le milieu se comporte comme un "mur" pour la lumière à cette fréquence précise, l'absorbant très efficacement.

Normes

Le calcul à la résonance est une étape standard dans l'analyse de tout système oscillant (mécanique, électrique, ou optique) pour déterminer ses caractéristiques maximales de réponse et d'amortissement.

Hypothèses

On maintient les hypothèses précédentes. On suppose de plus que la fréquence de la lumière incidente peut être accordée pour correspondre exactement à la fréquence de résonance atomique \(\omega_0\).

Formule(s)

On utilise les expressions de \(n(\omega)\) et \(\kappa(\omega)\) en posant \(\omega = \omega_0\).

Donnée(s)
  • \(\omega_0 = 3.0 \times 10^{15} \, \text{rad/s}\)
  • \(\gamma = 1.0 \times 10^{11} \, \text{s}^{-1}\)
  • \(\frac{N e^2}{m \epsilon_0} = 2.0 \times 10^{32} \, \text{s}^{-2}\)
Calcul(s)

Pour \(n(\omega_0)\), le numérateur \(\omega_0^2 - \omega^2\) devient nul.

\[ n(\omega_0) \approx 1 + \frac{1}{2}\frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{0}{(0)^2 + (\gamma\omega_0)^2} = 1 \]

Pour \(\kappa(\omega_0)\), le dénominateur se simplifie :

\[ \begin{aligned} \kappa(\omega_0) &\approx \frac{1}{2}\frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{\gamma\omega_0}{(\gamma\omega_0)^2} \\ &= \frac{1}{2}\frac{N e^2}{m \epsilon_0} \frac{1}{\gamma\omega_0} \\ &= \frac{1}{2} \times (2.0 \times 10^{32}) \times \frac{1}{(1.0 \times 10^{11}) \times (3.0 \times 10^{15})} \\ &= 1.0 \times 10^{32} \times \frac{1}{3.0 \times 10^{26}} \\ &\approx 3.33 \times 10^5 \end{aligned} \]
Réflexions

Le résultat \(n=1\) montre qu'à la résonance, la vitesse de phase n'est pas modifiée. En revanche, la valeur de \(\kappa\) est gigantesque, ce qui indique une absorption extrêmement forte. C'est la signature d'une interaction résonnante efficace.

Justifications

Le calcul à la résonance est une étape clé pour quantifier la force maximale de l'interaction. Il permet de déterminer le pic d'absorption du matériau, une donnée essentielle pour des applications comme la spectroscopie ou la conception de filtres optiques.

Points de vigilance

Validité de l'approximation : La valeur calculée de \(\kappa\) est très grande. Cela remet en question la validité de l'approximation \(\tilde{n} \approx 1+\chi/2\), car \(|\chi|\) n'est plus très petit devant 1. Dans un cas réel, il faudrait utiliser la formule exacte \(\tilde{n} = \sqrt{1+\chi}\), mais le résultat qualitatif (absorption maximale) reste le même.

Le saviez-vous ?
Visualisation du Résultat
ω₀
Résultat : À la résonance, \(n(\omega_0) \approx 1\) et \(\kappa(\omega_0) \approx 3.33 \times 10^5\).
A vous de jouer

Si le facteur d'amortissement \(\gamma\) était deux fois plus grand, la valeur de \(\kappa(\omega_0)\) serait :

Question 4 : Coefficient d'Absorption et Profondeur de Pénétration

Principe
I₀ δ = 1/α

La partie imaginaire de l'indice, \(\kappa\), est directement liée à l'atténuation de l'onde. Le coefficient d'absorption \(\alpha\) décrit à quelle vitesse l'intensité de la lumière (\(I \propto E^2\)) décroît dans le milieu, selon la loi de Beer-Lambert \(I(z) = I_0 e^{-\alpha z}\). La profondeur de pénétration est la distance sur laquelle l'intensité est réduite d'un facteur \(1/e\) (\(\approx 37\%\)).

Mini-Cours

L'amplitude du champ électrique d'une onde se propageant dans un milieu absorbant s'écrit \(E(z) = E_0 e^{i\tilde{n}k_0 z} = E_0 e^{i(n+i\kappa)k_0 z} = E_0 e^{ink_0 z} e^{-\kappa k_0 z}\). Le terme \(e^{-\kappa k_0 z}\) représente l'atténuation de l'amplitude. L'intensité, proportionnelle à \(|E|^2\), est donc atténuée comme \((e^{-\kappa k_0 z})^2 = e^{-2\kappa k_0 z}\). En comparant avec la loi de Beer-Lambert \(I(z) = I_0 e^{-\alpha z}\), on identifie directement le coefficient d'absorption \(\alpha = 2\kappa k_0 = 2\kappa \omega/c\).

Remarque Pédagogique

Point Clé : Le coefficient d'absorption peut atteindre des valeurs très élevées à la résonance, ce qui signifie que la lumière est absorbée sur des distances extrêmement courtes. C'est le principe des filtres atomiques, qui peuvent bloquer une bande de fréquence très étroite avec une efficacité redoutable.

Normes

La loi d'atténuation exponentielle (loi de Beer-Lambert) est une loi fondamentale décrivant l'absorption de la lumière, des ondes sonores ou des particules à travers un milieu homogène.

Hypothèses

On suppose que le milieu est homogène pour que le coefficient \(\alpha\) soit constant sur toute la distance de propagation.

Formule(s)
\[ \alpha = 2\kappa \frac{\omega}{c} \]
\[ \text{Profondeur de pénétration } \delta = \frac{1}{\alpha} \]
Donnée(s)
  • \(\kappa(\omega_0) \approx 3.33 \times 10^5\)
  • \(\omega_0 = 3.0 \times 10^{15} \, \text{rad/s}\)
  • \(c = 3 \times 10^8 \, \text{m/s}\)
Calcul(s)
\[ \begin{aligned} \alpha(\omega_0) &= 2 \times (3.33 \times 10^5) \times \frac{3.0 \times 10^{15}}{3 \times 10^8} \\ &= 2 \times 3.33 \times 10^5 \times 10^7 \\ &\approx 6.66 \times 10^{12} \, \text{m}^{-1} \end{aligned} \]
\[ \begin{aligned} \delta &= \frac{1}{\alpha(\omega_0)} \\ &\approx \frac{1}{6.66 \times 10^{12}} \\ &\approx 1.5 \times 10^{-13} \, \text{m} \end{aligned} \]
Réflexions

Le résultat est une profondeur de pénétration de 0.15 picomètres, ce qui est inférieur au rayon d'un atome. Cela montre que l'absorption à la résonance est un phénomène extrêmement efficace : la lumière est absorbée dès la première couche d'atomes. Cela souligne aussi les limites du modèle continu pour des échelles aussi petites.

Justifications

Cette étape est cruciale pour traduire la propriété abstraite \(\kappa\) en une grandeur physique mesurable et intuitive : la distance sur laquelle la lumière peut effectivement se propager dans le matériau avant d'être significativement atténuée.

Points de vigilance

Amplitude vs. Intensité : Attention au facteur 2 dans la formule de \(\alpha\). L'amplitude du champ électrique décroît comme \(e^{-\alpha z/2}\), tandis que l'intensité, qui est le carré de l'amplitude, décroît comme \(e^{-\alpha z}\).

Le saviez-vous ?
Visualisation du Résultat
I₀ I₀/e δ = 1/α Distance z Intensité I(z)
Résultat : Le coefficient d'absorption est \(\alpha \approx 6.66 \times 10^{12} \, \text{m}^{-1}\) et la profondeur de pénétration est d'environ \(0.15 \, \text{pm}\).
A vous de jouer

Si la fréquence de la lumière est très loin de la résonance (\(\omega \ll \omega_0\)), le coefficient d'absorption \(\alpha\) devient très :


Simulation Interactive de la Dispersion

Faites varier la fréquence de la lumière \(\omega\) autour de la fréquence de résonance \(\omega_0\) et observez le comportement des parties réelle (\(n-1\)) et imaginaire (\(\kappa\)) de l'indice de réfraction.

Paramètres de la Lumière
Partie Réelle (n-1)
Partie Imaginaire (κ)
Courbes de Dispersion et d'Absorption

Pour Aller Plus Loin : Vitesse de Groupe et Dispersion

La vitesse des impulsions : L'indice de réfraction \(n\) décrit la vitesse de phase (\(v_\phi = c/n\)), qui est la vitesse d'un point de phase constante de l'onde. Cependant, l'information et l'énergie se propagent à la vitesse de groupe, \(v_g\). Dans une région de dispersion anormale, la vitesse de groupe peut devenir supérieure à c, ou même négative ! Cela ne viole pas la causalité, car une impulsion est fortement déformée et absorbée dans cette région, et aucun signal ne peut réellement voyager plus vite que la lumière. Ce phénomène est à la base des expériences de "lumière lente" et "lumière rapide".


Le Saviez-Vous ?

Les couleurs du ciel sont un exemple de dispersion. La lumière bleue du soleil est plus efficacement diffusée par les molécules de l'air que la lumière rouge (diffusion de Rayleigh, qui dépend de \(\omega^4\)). Loin de toute résonance, la susceptibilité augmente avec la fréquence, ce qui est une forme de dispersion normale. Au coucher du soleil, la lumière traverse une plus grande épaisseur d'atmosphère, la plupart du bleu est diffusé hors de notre ligne de vue, et il ne nous reste que le rouge et l'orange.


Foire Aux Questions (FAQ)

La dispersion anormale signifie-t-elle que l'indice de réfraction est inférieur à 1 ?

Oui, c'est possible. Dans la région de dispersion anormale, juste au-dessus de la fréquence de résonance, la partie réelle de l'indice \(n\) peut devenir inférieure à 1. Cela signifie que la vitesse de phase de la lumière dans le milieu est supérieure à \(c\). Cela ne viole pas la relativité, car aucune information ou énergie ne peut être transmise à cette vitesse.

Tous les matériaux ont-ils des régions de dispersion anormale ?

Oui. Tout matériau qui absorbe la lumière à une certaine fréquence (c'est-à-dire tous les matériaux réels) possède une ou plusieurs fréquences de résonance. Autour de chacune de ces fréquences, il y aura une région de dispersion anormale. Pour les matériaux "transparents" comme le verre, ces résonances se situent dans l'ultraviolet et l'infrarouge, loin du spectre visible.


Quiz Final : Testez vos connaissances

1. La dispersion anormale se produit :

2. La partie imaginaire de l'indice de réfraction, \(\kappa\), est directement liée à :


Glossaire

Dispersion
Phénomène dans lequel la vitesse de phase d'une onde dépend de sa fréquence (ou longueur d'onde). La dispersion normale correspond à un indice qui augmente avec la fréquence, l'anormale à un indice qui diminue.
Indice de Réfraction Complexe (\(\tilde{n}\))
Un nombre complexe \(\tilde{n} = n + i\kappa\) qui décrit complètement la propagation d'une onde lumineuse dans un milieu. Sa partie réelle \(n\) est liée à la vitesse de phase, et sa partie imaginaire \(\kappa\) est liée à l'absorption.
Susceptibilité Électrique (\(\chi\))
Quantité sans dimension qui indique le degré de polarisation d'un matériau diélectrique en réponse à un champ électrique. C'est une mesure de la "réponse" du milieu à la lumière.
Fréquence de Résonance (\(\omega_0\))
Fréquence propre à laquelle les oscillateurs (atomes) d'un milieu répondent le plus fortement à une excitation externe. L'absorption est maximale à cette fréquence.
Coefficient d'Absorption (\(\alpha\))
Paramètre qui quantifie la perte d'intensité de la lumière par unité de distance lorsqu'elle se propage dans un milieu absorbant.
Dispersion Anormale et Absorption dans un Milieu

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